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de ce portrait. Lors même que la voyageuse n’aurait pas compris l’intention de l’hôtesse, elle aurait été forcée de chercher un autre gîte. L’auberge était ce qu’on appelle en russe postoaïleroï dvor (maison de repos) [1]. Elles sont ordinairement formées d’un vaste hangar pour les chevaux, qui n’a que le toit pour couverture, et dans l’angle duquel est une serre chaude qui en occupe la quatrième partie. Les voyageurs s’arrangent comme ils peuvent dans cette pièce unique, dont le plancher sert de lit à ceux qui ne peuvent avoir de place sur le poêle. Le lendemain, Prascovie sortit d’assez bonne heure, dans l’intention de se rendre chez madame Milin ; mais, suivant son habitude, elle commença par aller à l’église, où se trouvait plus de monde qu’elle n’en avait jamais vu rassemblé. C’était un dimanche. La ferveur qu’elle mit à ses prières la fit autant remarquer que le sac et le costume qu’elle portait, et qui annonçait une étrangère voyageuse. Au sortir de l’église, une dame lui demanda qui elle était. Prascovie satisfit à sa demande en quelques mots, et, se disposant bientôt à la quitter, lui fit part de l’intention

  1. Le postoïaleroï dvor est la dénomination que prennent les auberges dans les lieux habités, tandis qu’elles s’appellent plus modestement harema lorsqu’elles sont isolées sur les grandes routes.