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russes veulent savoir leur compte, et se laissent difficilement tromper. La voyageuse fut placée sur un traîneau, bien enveloppée dans sa pelisse. Le jeune homme qui la lui avait cédée se couvrit avec la natte dont elle s’était servie jusqu’alors, et, s’asseyant sur ses pieds, se mit à chanter à tue-tête et ouvrit la marche. L’échange des pelisses se fit exactement à chaque poteau des verstes, et le convoi parvint très-heureusement et très-vite à Ékatherinembourg.

Pendant toute la route, Prascovie ne cessa de prier Dieu pour que la santé de ses conducteurs ne souffrît pas de leur bonne action.

En arrivant à Ékatherinembourg, Prascovie logea dans la même auberge que ses conducteurs. L’hôtesse, apprenant de ces derniers une partie des aventures de la jeune fille, et jugeant, d’après leur récit, qu’elle était sans argent, lui fit aussitôt l’énumération des personnes de la ville qui passaient pour être les plus généreuses, et lui conseilla de s’adresser à elles pour obtenir leur protection, et les secours nécessaires pour le long voyage qu’elle avait à faire. Elle loua beaucoup, entre autres, une dame Milin, du caractère le plus obligeant, qui faisait beaucoup de bien aux pauvres, et dont la bonté était connue de toute la ville. Les gens de l’auberge confirmèrent la vérité