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Un peu rassurée par ce bon traitement, elle répondit avec sincérité à leurs questions, et raconta une partie de son histoire. Ils eurent l’air d’y prendre intérêt ; et, voulant justifier leur conduite précédente, ils l’assurèrent qu’ils n’avaient voulu savoir si elle avait de l’argent que parce qu’ils l’avaient mal à propos soupçonnée d’être une voleuse, mais qu’elle pourrait voir, en comptant sa petite somme, qu’ils étaient bien loin eux-mêmes d’être des voleurs. Enfin Prascovie prit congé d’eux, ne sachant trop si elle leur devait des remerciements, mais se trouvant fort heureuse d’être hors de leur maison.

Lorsqu’elle eut fait quelques verstes hors du village, elle eut la curiosité de compter son argent. Le lecteur sera sans doute aussi surpris qu’elle le fut elle-même en apprenant qu’au lieu de quatre-vingts kopecks qu’elle croyait avoir, elle en trouva cent vingt. Les hôtes en avaient ajouté quarante.

Prascovie aimait à redire cette aventure, comme une preuve évidente de la protection de Dieu, qui avait changé tout à coup le cœur de ces malhonnêtes gens. Quelque temps après, elle courut un danger d’une autre espèce et qui l’effraya beaucoup. Comme elle avait un jour une longue traite à faire, elle partit à deux heures du matin de la station où elle avait couché. Au moment de