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il en est une dans laquelle la jeune fille crut sa vie menacée, et qui mérite d’être connue pour sa singularité.

Elle marchait un soir le long des maisons d’un village, pour chercher un logement, lorsqu’un paysan qui venait de lui refuser très-durement l’hospitalité la suivit et la rappela. C’était un homme âgé, de très-mauvaise mine. Prascovie hésita si elle accepterait son offre, et se laissa cependant conduire chez lui, craignant de ne pas obtenir un autre gîte. Elle ne trouva dans l’isba qu’une femme âgée, et dont l’aspect était encore plus sinistre que celui de son conducteur. Ce dernier ferma soigneusement la porte et poussa les guichets des fenêtres. En la recevant dans leur maison, ces deux personnes lui firent peu d’accueil : elles avaient un air si étrange, que Prascovie éprouvait une certaine crainte, et se repentait de s’être arrêtée chez elles. On la fit asseoir. L’isba n’était éclairé que par des esquilles de sapin enflammées plantées dans un trou de la muraille, et qu’on remplaçait souvent lorsqu’elles étaient consumées. À la clarté lugubre de cette flamme, lorsqu’elle se hasardait à lever les yeux, elle voyait ceux de ses hôtes fixés sur elle. Enfin, après quelques minutes de silence : « D’où venez-vous ? » lui demanda la vieille.

« — Je viens d’Ischim, et je vais à Pétersbourg.