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Souvent des personnes qui l’avaient rejetée, la voyant s’éloigner en pleurant, la rappelaient et la traitaient fort bien. Les mendiants accoutumés aux refus, y paraissent peu sensibles ; mais Prascovie, quoique placée par le sort dans une situation déplorable, n’avait point encore été, avant son voyage, dans le cas d’implorer la pitié ; et, malgré toute sa force d’âme et sa résignation, elle était navrée des refus, surtout lorsqu’ils provenaient de la mauvaise opinion que l’on prenait d’elle.

Le bon effet qu’avait produit, dans la circonstance dont nous venons de parler, l’exhibition de son passe-port, l’engagea dans la suite à le montrer lorsqu’elle désirait obtenir plus de faveur de ses hôtes : elle y était qualifiée de fille de capitaine ; ce qui lui fut utile en plusieurs occasions. Cependant elle avouait que le malheur d’être repoussée lui était arrivé rarement, tandis que les traitements d’humanité et de bienveillance qu’elle avait éprouvés étaient innombrables : « On s’imagine, disait elle dans la suite, que mon voyage a été bien désastreux, parce que je ne raconte que les peines et les embarras dans lesquels je me suis trouvée, et que je ne dis rien des bons gîtes que j’ai rencontrés, et dont personne ne désire savoir l’histoire. »

Parmi les situations pénibles de son voyage,