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elle arriva dans un grand village. Le paysan, qui ne devait pas s’y arrêter, la déposa au milieu de la rue et continua sa route. Prascovie pressentait qu’elle serait mal reçue : les maisons avaient une bonne apparence. Cependant, pressée par la fatigue et la faim, elle s’approcha de la fenêtre basse auprès de laquelle une femme de quarante à cinquante ans triait des pois, et la pria de la recevoir chez elle. La villageoise, après l’avoir examinée quelques instants d’un air de mépris, la renvoya durement.

En descendant du chariot qui l’avait amenée, Prascovie était tombée dans la boue, et ses habits en étaient couverts. La cruelle nuit qu’elle venait de passer dans la forêt, ainsi que le manque de nourriture, avaient sans doute aussi altéré ses traits, et lui donnaient un aspect défavorable. La malheureuse fut rejetée de toutes les maisons où elle se présenta. Une méchante femme, à la porte de laquelle, vaincue par la fatigue, elle s’était assise, et qu’elle conjurait de la recevoir, la força par des menaces de s’éloigner, en lui disant qu’elle ne recevait chez elle ni les voleurs ni les coureuses. La jeune fille, voyant une église devant elle, s’y achemina tristement. « Du moins, se disait-elle, on ne m’en chassera pas. » La porte s’en trouva fermée ; elle s’assit sur les marches qui y conduisaient.