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peu considérable, elle était ordinairement bien accueillie par les maîtres de la première maison où elle demandait l’hospitalité ; mais dans les gros villages, et lorsque les maisons avaient une bonne apparence, elle avait presque toujours de la peine à trouver un asile : on la prenait souvent pour une aventurière de mauvaises mœurs, et ce soupçon si injuste lui donna de grands désagréments pendant son voyage.

Quelques marches avant d’arriver à Kamoüicheff, un violent orage la surprit en chemin, comme elle achevait avec peine tige des plus longues journées qu’elle eût encore faites. Elle redoubla de vitesse pour atteindre les premières habitations, qu’elle ne croyait pas être fort éloignées ; mais un tourbillon de vent ayant renversé un arbre devant elle, la frayeur lui fit chercher un refuge dans un bois voisin. Elle se plaça sous un sapin entouré de hauts buissons, pour se préserver de la violence du vent. La tempête dura toute la nuit ; la jeune fille la passa sans abri dans ce lieu désert, exposée aux torrents de la pluie, qui ne cessa que vers le matin. Lorsque l’aube parut, elle se traîna jusqu’au chemin, exténuée de froid et de faim, pour continuer sa route. Heureusement un paysan qui passait eut pitié d’elle et lui offrit une place sur son chariot. Vers les huit heures du matin,