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tant d’obstacles, et qui m’a si visiblement protégée jusqu’ici, saura me conduire aux pieds de notre empereur. Elle mettra dans ma bouche les paroles qui doivent le persuader, et votre liberté sera la récompense du consentement que vous m’accordez. »

Dès cet instant le départ de la jeune fille fut décidé, mais on n’en détermina point encore l’époque précise. Lopouloff espérait tirer quelques secours de ses amis : plusieurs prisonniers avaient des moyens ; Quelques-uns mêmes lui avaient fait, en d’autres occasions, des offres que sa discrétion ne lui avait pas permis d’accepter ; mais en cette occasion il se proposait d’en profiter. Il désirait aussi trouver quelque voyageur qui pût accompagner sa fille pendant les premières marches. Il fut trompé dans cette double attente. Cependant Prascovie pressait son départ. Toute la fortune de la famille consistait dans un rouble en argent [1]. Après avoir vainement tenté l’augmenter cette modique somme, on fixa le jour le la cruelle séparation, d’après le désir de la voyageuse, au 8 septembre, jour d’une fête de la Vierge. Aussitôt que la nouvelle s’en répandit dans le village, toutes leurs connaissances vinrent la voir, poussées par la curiosité

  1. Valeur d’environ 4 francs.