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Prascovie le suivit. « Sans doute, mon père, il faut s’aider dans le malheur, et j’espère aussi que Dieu m’aidera dans la prière que je viens vous faire, et qu’il touchera votre cœur. Rendez-moi le passe-port, cher et malheureux père I Croyez que c’est la volonté de Dieu. Voulez-vous forcer votre fille à l’horrible malheur de vous désobéir ? » En parlant ainsi, Prascovie embrassait ses genoux et tâchait de lui inspirer la même confiance qui l’animait. La mère survint. Sa fille la conjura de l’aider à fléchir son père ; la bonne femme ne put s’y résoudre. Elle avait eu la force de consentir au départ ; mais elle n’avait point le courage de le demander. Cependant Lopouloff ne put résister plus longtemps à de si touchantes sollicitations : il savait d’ailleurs sa fille si décidée, qu’il craignait de la voir partir sans passe-port. « Que faire avec cette enfant ? s’écria-t-il. Il faudra bien la laisser partir ! » Prascovie, transportée de joie, s’élança au cou de son père. « Soyez sûr, lui disait-elle en l’accablant des plus tendres caresses, que vous ne vous repentirez point de m’avoir écoutée : j’irai, mon père, oui, j’irai à Saint-Pétersbourg ; je me jetterai aux pieds de l’empereur, et cette même Providence qui m’en inspira la pensée et qui a touché votre cœur voudra bien aussi disposer