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Prascovie suivit ses parents à la maison sans rien demander, mais remplie d’espoir et remerciant Dieu le long du chemin d’avoir exaucé l’un de ses vœux. Son père serra le passe-port parmi ses hardes, après l’avoir enveloppé soigneusement dans un morceau de linge. Prascovie remarqua cette précaution, qui lui parut de bon augure, car il aurait pu le déchirer ; elle n’attribua le refus de son père qu’à un dessein particulier de la Providence, qui n’avait pas encore marqué l’heure de son départ. Bientôt après, elle se rendit au bois, où elle passa deux heures à prier, se livrant à toute la joie que son ardente imagination lui inspirait, et n’ayant plus aucun doute sur le succès de son entreprise.

Ces détails pourront paraître à quelques personnes puérils et minutieux ; mais lorsqu’on verra les projets de cette jeune fille réussir au delà de ses espérances et de toute probabilité, malgré les obstacles sans nombre qu’elle avait à surmonter, on se convaincra qu’aucun motif humain n’aurait suffi pour la conduire au but qu’elle se proposait, et qu’il fallait pour une telle œuvre cette foi qui transporte les montagnes. Dans tout ce qui lui arrivait, Prascovie voyait toujours le doigt de Dieu. Aussi disait-elle : J’ai été quelquefois éprouvée, mais jamais trompée dans ma confiance en lui. »