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qu’elle joignît à ses prières ordinaires celle d’obtenir de son père la permission de partir, bien persuadée que Dieu l’exaucerait un jour.

Cet esprit religieux, cette foi vive dans une si jeune personne, doivent paraître d’autant plus extraordinaires qu’elle ne les devait point à l’éducation. Sans être irréligieux, son père s’occupait peu de prières ; et quoique sa mère fût plus exacte à cet égard, elle manquait en général d’instruction, et Prascovie ne devait qu’à elle-même les sentiments qui l’animaient. Pendant ces trois dernières années, sa raison s’était formée ; déjà la jeune fille avait acquis plus de poids dans les conseils de la famille : elle put, en conséquence, proposer et discuter son projet, que ses parents ne regardaient plus comme un enfantillage, mais qu’ils combattirent avec d’autant plus de force qu’elle leur était devenue plus nécessaire. Les empêchements qu’ils mettaient à son départ étaient de nature à faire impression sur son cœur. Ce n’était plus par des plaisanteries ou par des menaces qu’ils tâchaient de la dissuader, mais par des caresses et par des larmes. Nous sommes déjà vieux, lui disaient-ils, nous n’avons plus ni fortune ni amis en Russie : aurais-tu le courage d’abandonner dans ce désert des parents dont tu es l’unique consolation, et cela, pour entreprendre