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son, résolue de parler au premier des deux qu’elle rencontrerait. Elle désirait que le hasard lui fit trouver sa mère, dont elle espérait plus de condescendance ; mais, en approchant de la maison, elle vit son père assis sur un banc près de la porte et fumant une pipe. Elle vint à lui courageusement, commença l’explication de son projet, et demanda, avec toute la chaleur dont elle fut capable, la permission de partir pour Saint-Pétersbourg. Lorsqu’elle eut terminé son discours, son père, qui l’avait écoutée sans l’interrompre et du plus grand sérieux, la prit par la main, et rentrant avec elle dans la chambre où la mère apprêtait le dîner : « Ma femme, s’écria-t-il, bonne nouvelle ! nous avons trouvé un puissant protecteur Voilà notre fille qui va partir sur l’heure pour Saint-Pétersbourg, et qui veut bien se charger de parler elle-même à l’empereur. » Lopouloff raconta plaisamment ensuite tout ce que lui avait dit Prascovie « Elle ferait mieux, répondit la mère, d’être à son ouvrage que de venir vous conter ces balivernes. »

La jeune fille s’était armée d’avance contre la colère de ses parents, mais elle n’eut point de force contre le persiflage, qui semblait anéantir toutes ses espérances. Elle se mit à pleurer amèrement. Son père, qu’un instant