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pieds de l’empereur et lui demander la grâce de son père se développa dans son esprit et l’occupa désormais uniquement.

Elle avait choisi, dans la lisière d’un bois de bouleaux qui se trouvait près de la maison, une place favorite où elle se retirait souvent pour faire ses prières ; elle fut plus exacte encore à s’y rendre dans la suite. Là, tout entière à son projet, elle venait prier Dieu, avec toute la ferveur de sa jeune âme, de favoriser son voyage et de lui donner la force et les moyens de l’exécuter. S’abandonnant à cette idée, elle s’oubliait souvent dans le bois, au point de négliger ses occupations ordinaires, ce qui lui attirait des reproches de ses parents. Elle fut longtemps avant d’oser s’ouvrir à eux au sujet de l’entreprise qu’elle méditait. Son courage l’abandonnait chaque fois qu’elle approchait de son père pour commencer cette explication hasardeuse, dont elle prévoyait confusément le peu de succès. Cependant, lorsqu’elle crut avoir suffisamment mûri son projet, elle détermina le jour où elle parlerait, et se proposa fermement de vaincre sa timidité.

À l’époque fixée, Prascovie se rendit de bonne heure au bois, pour demander à Dieu le courage de s’exprimer et l’éloquence nécessaire pour persuader ses parents : elle revint ensuite à la mai-