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leurs larmes aux siennes ; mais cette scène fit la plus grande impression sur l’esprit de la jeune fille. Pour la première fois, ses parents avaient ouvertement parlé devant elle de leur situation désespérée ; pour la première fois, elle put se former une idée de tout le malheur de sa famille.

Ce fut à cette époque, et dans la quinzième année de son âge, que la première idée d’aller à Saint-Pétersbourg demander la grâce de son père lui vint à l’esprit. Elle racontait elle-même qu’un jour cette heureuse pensée se présenta à elle comme un éclair, au moment où elle achevait ses prières, et lui causa an trouble inexprimable. Elle a toujours été persuadée que ce fut une inspiration de la Providence, et cette ferme confiance la soutint dans la suite au milieu des circonstances les plus décourageantes.

Jusqu’alors l’espérance de la liberté n’était point entrée dans son cœur. Ce sentiment nouveau pour elle la remplit d’une grande joie elle se remit aussitôt en prière ; mais ses idées étaient si confuses, que ne sachant elle-même ce qu’elle voulait demander à Dieu, elle le pria seulement de ne pas la priver du bonheur qu’elle éprouvait et qu’elle ne savait définir. Bientôt cependant le projet d’aller à Saint-Pétersbourg se jeter aux