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« Qui donne le bal ? lui demanda le voyageur.

— C’est monsieur le major qui se marie.

— Et comment s’appelle monsieur le major ?

« — Il s’appelle Kascambo. » Le voyageur, qui connaissait l’histoire singulière de cet officier, se félicita d’avoir cédé à sa curiosité, et se fit montrer le nouveau marié, qui, rayonnant de plaisir, oubliait dans ce moment les Tchetchenges et leur cruauté. « Montrez-moi, de grâce, ajouta-t-il encore, le brave denchik qui l’a délivré. » Le sous-officier, après avoir hésité quelque temps, lui répondit : « C’est moi. » Doublement surpris de la rencontre, et plus encore de le trouver si jeune, le voyageur lui demanda son âge. Il n’avait pas encore achevé sa vingtième année, et venait de recevoir une gratification avec le grade de sous-officier, en récompense de son courage et de sa fidélité. Ce brave jeune homme, après avoir partagé volontairement les infortunes de son maître, et lui avoir rendu la vie et la liberté, jouissait maintenant de son bonheur en regardant sa noce à travers les vitres. Mais comme l’étranger lui témoignait son étonnement de ce qu’il n’était pas de la fête, en taxant à ce sujet son ancien maître d’ingratitude, Ivan lui lança un regard de travers, et rentra dans la maison