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de l’eau. Ils arrivèrent cependant sains et saufs à l’antre rivage, qui se trouva malheureusement trop escarpé pour que le cheval pût prendre terre. Ils descendirent pour le soulager. Comme Ivan le tirait de toute sa force pour le faire monter sur le bord, le licou se détacha et lui resta entre les mains. L’animal, entraîné par le courant, après de nombreux efforts pour aborder, s’englouti dans la rivière et se noya.

Privés de cette ressource, mais plus tranquilles désormais sur le danger d’être poursuivis, ils se dirigèrent sur un monticule couvert de roches détachées qu’ils virent de loin, dans l’intention de s’y cacher et de se reposer jusqu’à la nuit. Par le calcul du chemin qu’ils avaient déjà fait, ils jugèrent que les habitations des Tchetchenges pacifiques ne devaient pas être très-éloignées ; mais rien n’était moins sûr que de se livrer à ces hommes, dont la trahison probable pouvait les perdre. Cependant, vu l’état de faiblesse dans lequel se trouvait Kascambo, il était bien difficile qu’il pût gagner le Tereck sans secours. Leurs provisions étaient épuisées : ils passèrent le reste de la journée dans un morne silence, n’osant se communiquer mutuellement leurs inquiétudes. Vers le soir, le major vit son denchik se frapper le