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pressait Ivan de l’abandonner à son mauvais sort. Son intrépide compagnon non-seulement l’encourageait par ses discours et son exemple, mais employait presque la violence pour le relever et l’entraîner avec lui. Ils trouvèrent dans leur route un passage difficile et dangereux qu’ils ne pouvaient éviter ; attendre le jour leur eût causé une perte de temps irréparable : ils se décidèrent à franchir ce passage au risque d’être précipités ; mais, avant d’y engager son mettre, Ivan voulut le reconnaître et le parcourir seul. Pendant qu’il descendait, Kascambo resta sur le bord du rocher dans un état d’anxiété difficile à décrire. La nuit était sombre : il entendait sous ses pieds le murmure sourd d’une rivière rapide qui coulait dans la vallée ; le bruit des pierres qui se détachaient de la montagne sous les pas de son compagnon, et qui tombaient dans l’eau, lui faisait connaître l’immense profondeur du précipice sur lequel il était arrêté. Dans en moment d’angoisse, qui pouvait être le dernier de sa vie, le souvenir de sa mère lui revint à l’esprit ; elle l’avait béni tendrement à son départ de la ligne : cette pensée lui rendit le courage. Un secret pressentiment lui donnait l’espérance de la revoir encore. « Mon Dieu ! s’écria-t-il, faites que sa bénédiction « ne soit pas inutile » comme il finissait cette courte