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ils se décidèrent à partir. Ivan attacha fortement la chaîne à la ceinture du major, de manière qu’elle le gênât le moins possible et qu’elle ne fît pas de bruit. Il mit dans un bissac un quartier de mouton, reste du repas de la veille, y ajouta quelques autres provisions, et s’arma du pistolet et du poignard du mort. Kascambo s’empara de sa bourka [1] ; ils sortirent en silence, et faisant le tour de la maison, pour éviter toute rencontre, ils prirent le chemin de la montagne, au lieu de suivre la direction de Mosdok et la route ordinaire, prévoyant bien qu’on les poursuivrait de ce côté. Ils longèrent pendant le reste de la nuit les hauteurs de leur droite, et lorsque le jour commençait à paraître, ils entrèrent dans un bois de hêtres qui couronnait toute la montagne, et qui les mit à couvert du danger d’être vus de loin. C’était dans le mois de février ; le terrain, dans ces hauteurs, et surtout dans la forêt, était encore couvert d’une neige durcie qui soutint les pas des voyageurs pendant la nuit et une partie de la matinée ; mais vers midi, lorsqu’elle eut été ramollie par le soleil, ils enfonçaient à chaque instant, ce

  1. Manteau de feutre imperméable, à longs poils qui ressemble assez à une peau d’ours. La bourka, manteau ordinaire des Cosaques, ne se fabrique que dans leur pays : ils bravent impunément avec elle la pluie et les boues du bivouac.