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si quelqu’un entre ici avant notre départ, je ne regarde pas si c’est un homme, une femme ou un enfant, si c’est un ami ou un ennemi, je l’étends là avec les autres.» Il alluma une esquille de mélèze, et se mit à fouiller dans la giberne et dans les poches du brigand ; la clef des fers ne s’y trouva pas : il la chercha de même vainement dans les habits de la femme, dans un coffre, et partout où il s’imagina qu’elle pouvait être cachée. Tandis qu’il faisait ces recherches, le major s’abandonnait sans prudence à sa douleur ; Ivan le consolait à sa manière. «Vous feriez mieux, lui disait-il, de pleurer la clef des fers, qui est perdue. Qu’avez-vous à regretter de cette race de brigands qui vous ont tourmenté pendant plus de quinze mois ? Ils voulaient nous faire mourir, eh bien ! leur tour est venu avant le nôtre. Est-ce ma faute à moi ? Que l’enfer puisse les engloutir tous !»

Cependant la clef des fers ne se trouvant pas, tant de meurtres devenaient inutiles si l’on ne parvenait à les rompre. Ivan, avec le coin de la hache, parvint à détacher l’anneau de la main, mais celui qui liait la chaîne aux pieds résistait à tous ses efforts ; il craignait de blesser son maître, et n’osait employer toute sa force. D’autre part, la nuit s’avançait, le danger devenait pressant ;