Page:Maistre Xavier de - Oeuvres completes, 1880.djvu/294

Cette page n’a pas encore été corrigée

coup dans la poitrine en jetant un affreux soupir : un autre coup, plus rapide que l’éclair, l’atteignit dans sa chute, et l’étendit morte aux pieds de Kascambo. Effrayé de ce second meurtre, auquel il ne s’attendait pas, le major, voyant Ivan s’avancer vers la chambre de l’enfant, se plaça devant lui pour l’arrêter. « Où vas-tu, malheureux ? lui dit-il ; aurais-tu la barbarie de sacrifier aussi cet enfant, qui m’a témoigné tant d’amitié ? Si tu me délivrais à ce prix, ni ton attachement ni tes services ne pourraient te sauver à notre affilée à la ligne.

« — À la ligne, répondit Ivan, vous ferez ce que vous voudrez ; mais ici il faut en finir. »

Kascambo, rassemblant toutes ses forces, le saisit au collet, comme il voulait forcer le passage : « Misérable, lui dit-il, si tu oses attenter à sa vie, si tu lui ôtes un seul cheveu, je jure ici devant Dieu que je me livre moi-même entre les mains des Tchetchenges, et ta barbarie sera inutile. « — Entre les mains des Tchetchenges ! répéta le denchik en élevant sa hache sanglante sur la tête de son maître ; ils ne vous reprendront jamais vivant : je les égorgerai, eux, vous et moi, avant que cela arrive. Cet enfant peut