Page:Maistre Xavier de - Oeuvres completes, 1880.djvu/292

Cette page n’a pas encore été corrigée

une petite armoire sans porte, pratiquée dans la muraille, mais à une hauteur à laquelle Ivan atteignait à peine. Pour l’avoir à sa portée, il profita d’un moment favorable, la saisit tout à coup, et la mit aussitôt à terre, dans l’ombre que formait le corps d’Ibrahim. Lorsque celui-ci jeta les yeux sur lui, il était loin de là, et continuait la danse. Cette scène dangereuse durait depuis assez longtemps, et Kascambo, las de jouer, commençait à croire que son denchik manquait de courage on ne jugeait pas l’occasion favorable. Il jeta les yeux sur lui au moment où, s’étant saisi de la hache, l’intrépide danseur s’avançait d’un pas ferme pour en frapper le vieux brigand. L’émotion qu’éprouva le major fut si forte, qu’il cessa de jouer, et laissa tomber sa guitare sur ses genoux. Au même instant, le vieillard s’était baissé, et avait fait un pas en avant pour avancer des broussailles dans le feu : des feuilles sèches s’enflammèrent et jetèrent une grande lueur dans la chambre : Ibrahim se retourna pour s’asseoir.

Si, dans cette occasion, Ivan avait poursuivi son entreprise, un combat corps à corps devenait inévitable : l’alarme aurait été donnée, ce qu’il fallait surtout éviter ; mais sa présence d’esprit le sauva. Lorsqu’il s’aperçut du trouble du major, et qu’il vit Ibrahim se lever, il posa la hache