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que leur rage ne l’épargnerait pas. Il ne lui restait plus d’autre ressource que celle d’abandonner son mettre ou de le délivrer incessamment. Le fidèle serviteur aurait soutient mille morts plutôt que de choisir le premier.

Kascambo, qui commençait à perdre tout espoir, était tombé depuis Quelque temps dans une espèce de stupeur, et gardait un profond silence. Ivan, plus tranquille et plus gai que de coutume, se surpassa dans les apprêts du repas, qu’il faisait en chantant des chansons russes, auxquelles il mêlait des paroles d’encouragement pour son maître.

« Le temps est venu, disait-il, en ajoutant à chaque phrase le refrain insignifiant d’une chanson populaire russe, hai luli, hai luli, le temps est venu de finir notre misère ou de périr. Demain, hai luli, nous serons sur le chemin d’une ville, d’une jolie ville, hai luli, que je ne veux pas nommer ; courage, maître ! ne vous laissez pas décan« rager. Le Dieu dos Russes est grand. »

Kascambo, indifférent à la vie et à la mort, ne connaissant pas les projets de son denchik, se contenta de lui dire ; Fais ce que tu voudras, et tais-toi. » Vers le soir, le fiévreux, qu’on avait traité généreusement pour le retenir, et qui, outre le bon repas qu’il avait fait, s’était encore amusé le reste