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pendant la nuit. Dans la tournée qu’il fit au village pour prendre dos informations, il acquit de nouvelles preuves des mauvaises intentions que l’on avait contre lui. Les vieillards évitaient de lui parler. Un petit garçon lui dit ouvertement que son père voulait le tuer. Enfin, comme il retournait tout pensif vers son maître, il vit sur le toit d’une maison une jeune femme qui souleva son voile, et qui, avec les marques du plus grand effroi, lui fit signe de la main de s’éloigner, en lui montrant le chemin de la Russie : c’était la sœur du Tchetchenge qu’il avait sauvé au passage du Tereck.

Lorsqu’il rentra dans la maison, il trouva le vieillard occupé à visiter les fers de Kascambo. Un nouveau venu était assis dans la chambre : c’était un homme qu’une fièvre intermittente avait empêché de suivre ses camarades, et qu’on avait envoyé chez Ibrahim pour augmenter la garde des prisonniers jusqu’au retour des habitants. Ivan remarqua cette précaution sans témoigner la moindre surprise. L’absence des hommes du village présentait une occasion favorable pour l’exécution de ses projets ; mais la vigilance plus active de leur gardien et surtout la présence du fiévreux en rendaient le succès très-incertain. Cependant sa mort devenait inévitable s’il attendait le retour des habitants ; il prévoyait que leur expédition serait malheureuse, et