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venait le voir et lui conseillait d’écrire à ses amis pour obtenir sa rançon, qu’on avait fixée à dix mille roubles. Le malheureux prisonnier était hors d’état de payer une somme si forte, et ne conservait d’autre espoir que la protection du gouvernement, qui avait racheté, quelques années auparavant, un colonel tombé comme lui entre les mains des brigands. L’interprète promettait de lui fournir du papier et de faire parvenir sa lettre ; mais après avoir obtenu son consentement, il ne reparut plus de quelques jours, et ce temps fut employé à faire endurer au major un sucerait de maux. On le priva de nourriture, on lui enleva la natte sur laquelle il couchait et un coussin de selle de Cosaque qui lui servait d’oreiller ; et lorsque enfin l’entremetteur revint, il lui annonça, par manière de confidence, que si l’on refusait à la ligne la somme demandée, et qu’on en retardât le payement, les Tchetchenges étaient décidés à se défaire de lui, pour s’épargner la dépense et les inquiétudes qu’il leur causait. Le but de leur conduite cruelle était de l’engager à écrire d’une manière plus pressante. On lui remit enfin du papier avec un roseau taillé suivant l’usage tartare ; on lui ôta les fers qui liaient ses mains et son cou, afin qu’il pût écrire librement ; et lorsque la lettre fut écrite, on la traduisit aux chefs, qui se chargèrent