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Lorsqu’ils parvinrent au premier village, Kascambo, plus malade encore de chagrin que de fatigue, parut à ses gardiens si faible et si défait, qu’ils eurent des craintes pour sa vie, et le traitèrent plus humainement. On lui donna quelque repos et un cheval pour la marche ; mais afin de détourner les Russes des recherches qu’ils pourraient faire, et de mettre le prisonnier lui-meule hors d’état d’apprendre à ses amis le lieu de sa retraite, on le transporta de village en village, et d’une vallée à l’autre, en prenant la précaution de lui bander les yeux à plusieurs reprises. Il passa ainsi une rivière considérable, qu’il jugea être la Sonja. On le ménagea beaucoup pendant ces courses, en lui accordant une nourriture suffisante et le repos nécessaire. Mais lorsqu’il eut atteint le village éloigné dans lequel il devait être définitivement gardé, les Tchetchenges changèrent tout à coup de conduite à son égard, et lui firent souffrir toutes sortes de mauvais traitements. On lui mit des fers aux pieds et aux mains, et une chaîne au cou, au bout de laquelle était attaché un billot de chêne. Le denchik était traité moins durement ; ses fers étaient plus légers et lui permettaient de rendra quelques services à son maître.

Dans cette situation, et à chaque nouvelle avanie qu’il recevait, un homme qui parlait russe