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pour être plus calme, et la seule pensée de l’affection qu’elle avait pour moi suffisait pour me consoler et me donner du courage.

Compatissant étranger ! Dieu vous préserve d’être jamais obligé de vivre seul ! Ma sœur, ma compagne n’est plus, mais le ciel m’accordera la force de supporter courageusement la vie ; il me l’accordera, je l’espère, car je le prie dans la sincérité de mon cœur.


LE MILITAIRE.

Quel âge avait votre sœur lorsque vous la perdîtes ?


LE LÉPREUX.

Elle avait à peine vingt-cinq ans ; mais ses souffrances la faisaient paraître plus âgée. Malgré la maladie qui l’a enlevée, et qui avait altéré ses traits, elle eût été belle encore sans une pâleur effrayante qui la déparait : c’était l’image de la mort vivante, et je ne pouvais la voir sans gémir.


LE MILITAIRE.

Vous l’avez perdue bien jeune.


LE LÉPREUX.

Sa complexion faible et délicate ne pouvait résister à tant de maux réunis : depuis quelque