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LE MILITAIRE.

Pourquoi donc ? Non, vous ne me quitterez point ; placez-vous près de moi. (En disant ces mots, le voyageur fit un mouvement involontaire pour saisir la main du Lépreux, qui la retira avec vivacité).


LE LÉPREUX.

Imprudent ! Vous alliez saisir ma main !


LE MILITAIRE.

Eh bien ! je l’aurais serrée de bon cœur.


LE LÉPREUX.

Ce serait la première fois que ce bonheur m’aurait été accordé : ma main n’a jamais été serrée par personne.


LE MILITAIRE.

Quoi donc ! hormis cette sœur dont vous m’avez parlé, vous n’avez jamais eu de liaison, vous n’avez jamais été chéri par aucun de vos semblables ?


LE LÉPREUX.

Heureusement pour l’humanité, je n’ai plus de semblables sur la terre.


LE MILITAIRE.

Vous me faites frémir !