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Je revois sans cesse les mêmes objets, et c’est une sensation d’horreur qui surpasse tous mes autres maux.


LE MILITAIRE.

Il est possible que vous ayez la fièvre pendant ces cruelles insomnies, et c’est elle sans doute qui vous cause cette espèce de délire.


LE LÉPREUX.

Vous croyez que cela peut venir de la fièvre ? Ah ! je voudrais bien que vous disiez vrai. J’avais craint jusqu’à présent que ces visions ne fussent un symptôme de folie, et je vous avoue que cela m’inquiétait beaucoup. Plût à Dieu que ce fût en effet la fièvre !


LE MILITAIRE.

Vous m’intéressez vivement. J’avoue que je ne me serais jamais fait l’idée d’une situation semblable à la vôtre. Je pense cependant qu’elle devait être moins triste lorsque votre sœur vivait.


LE LÉPREUX.

Dieu sait lui seul ce que j’ai perdu par la mort de ma sœur. — Mais ne craignez-vous point de vous trouver si près de moi ? Asseyez-vous ici, sur cette pierre ; je me placerai derrière le feuillage, et nous converserons sans nous voir.