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LE LÉPREUX.

Elle a demeuré cinq ans avec moi dans cette même habitation où vous me voyez. Aussi malheureuse que moi, elle partageait mes peines, et je tâchais d’adoucir les siennes.


LE MILITAIRE.

Quelles peuvent être maintenant vos occupations, dans une solitude aussi profonde ?


LE LÉPREUX.

Le détail des occupations d’un solitaire tel que moi ne pourrait être que bien monotone pour un homme du monde, qui trouve son bonheur dans l’activité de la vie sociale.


LE MILITAIRE.

Ah ! vous connaissez peu ce monde, qui ne m’a jamais donné le bonheur. Je suis souvent solitaire par choix, et il y a peut-être plus d’analogie entre nos idées que vous ne le pensez. Cependant, je l’avoue, une solitude éternelle m’épouvante ; j’ai de la peine à la concevoir.


LE LÉPREUX.

Celui qui chérit sa cellule y trouvera la paix. — L’Imitation de Jésus-Christ nous l’apprend. Je commence par éprouver la vérité de ces paroles