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LE LÉPREUX.

Je craindrais de les souiller, et je n’oserais plus les offrir.


LE MILITAIRE.

À qui les destinez-vous ?


LE LÉPREUX.

Les personnes qui m’apportent des provisions de l’hôpital ne craignent pas de s’en faire des bouquets. Quelquefois aussi les enfants de la ville se présentent à la porte de mon jardin. Je monte aussitôt dans la tour, de peur de les effrayer ou de leur nuire. Je les vois folâtrer de ma fenêtre et me dérober quelques fleurs. Lorsqu’ils s’en vont, ils lèvent les yeux vers moi : Bonjour, Lépreux, me disent-ils en riant, et cela me réjouit un peu.


LE MILITAIRE.

Vous avez su réunir ici bien des plantes différentes : voilà des vignes et des arbres fruitiers de plusieurs espèces.


LE LÉPREUX.

Les arbres sont encore jeunes : je les ai plantés moi-même, ainsi que cette vigne, que j’ai fait monter jusqu’au-dessus du mur antique que voilà, et dont la largeur me forme un petit promenoir ; c’est