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nement et d’effroi à l’aspect de cet infortuné, que la lèpre avait totalement défiguré. « Je resterai volontiers, lui dit-il, si vous agréez la visite d’un homme que le hasard conduit ici, mais qu’un vif intérêt y retient. »


LE LÉPREUX.

De l’intérêt !… Je n’ai jamais excité que la pitié.


LE MILITAIRE.

Je me croirais heureux si je pouvais vous offrir quelque consolation.


LE LÉPREUX.

C’en est une grande pour moi de voir des hommes, d’entendre le son de la voix humaine, qui semble me fuir.


LE MILITAIRE.

Permettez-moi donc de converser quelques moments avec vous et de parcourir votre demeure.


LE LÉPREUX.

Bien volontiers, si cela peut vous faire plaisir. (En disant ces mots, le lépreux se couvrit la tête d’un large feutre dont les bords rabattus lui cachaient le visage). Passez, ajouta-t-il, ici, au midi. Je cultive un petit parterre de fleurs qui pourront