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porter les secours de la religion, et l’homme qui, chaque semaine, lui apportait ses provisions de l’hôpital.

Pendant la guerre des Alpes, en l’année 1797, un militaire, se trouvant à la cité d’Aoste, passa un jour, par hasard, auprès du jardin du lépreux, dont la porte était entr’ouverte, et il eut la curiosité d’y entrer. Il y trouva un homme vêtu simplement, appuyé contre un arbre et plongé dans une profonde méditation. Au bruit que fit l’officier en entrant, le solitaire, sans se retourner et sans regarder, s’écria d’une voix triste : « Qui est là, et que me veut-on ? — Excusez un étranger, répondit le militaire, auquel l’aspect agréable de votre jardin a peut-être fait commettre une indiscrétion, mais qui ne veut nullement vous troubler. — N’avancez pas, répondit l’habitant de la tour en lui faisant un signe de la main, n’avancez pas ; vous êtes auprès d’un malheureux attaqué de la lèpre. — Quelle que soit votre infortune, répliqua le voyageur, je ne m’éloignerai point ; je n’ai jamais fui les malheureux ; cependant, si ma présence vous importune, je suis prêt à me retirer. — Soyez le bienvenu, dit alors le lépreux en se retournant tout à coup, et restez si vous l’osez, après m’avoir regardé. »

Le militaire fut quelque temps immobile d’éton-