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importante pour m’y décider légèrement. En réfléchissant sur ce mot de patrie, je m’aperçus que je n’en avais pas une idée bien claire. « Ma patrie ? En quoi consiste la patrie ? Serait-ce un assemblage de maisons, de champs, de rivières ? Je ne saurais le croire. C’est peut-être ma famille, mes amis, qui constituent ma patrie ? mais ils l’ont déjà quittée. Ah ! m’y voilà, c’est le gouvernement ? mais il est changé. Bon Dieu ! où donc est ma patrie ? »

Je passai la main sur mon front dans un état d’inquiétude inexprimable. L’amour de la patrie est tellement énergique ! Les regrets que j’éprouvais moi-même à la seule pensée d’abandonner la mienne m’en prouvaient si bien la réalité que je serais resté à cheval toute ma vie plutôt que de désemparer avant d’avoir coulé à fond cette difficulté.

Je vis bientôt que l’amour de la patrie dépend de plusieurs éléments réunis, c’est-à-dire de la longue habitude que prend l’homme, depuis son enfance, des individus, de la localité et du gouvernement. Il ne s’agissait plus que d’examiner en quoi ces trois bases contribuent, chacune pour leur part, à constituer la patrie.

L’attachement à nos compatriotes, en général dépend du gouvernement, et n’est autre chose que