Page:Maistre Xavier de - Oeuvres completes, 1880.djvu/203

Cette page n’a pas encore été corrigée

m’invitant de me rapprocher de son influence protectrice.

Je ne crois pas aux pressentiments, mais je crois à une providence divine qui conduit les hommes par des moyens inconnus. Chaque instant de notre existence est une création nouvelle, un acte de la toute-puissante volonté. L’ordre inconstant qui produit les formes toujours nouvelles et les phénomènes inexplicables des nuages est déterminé pour chaque instant jusque dans la moindre parcelle d’eau qui les compose : les événements de notre vie ne sauraient avoir d’autre cause, et les attribuer au hasard serait le comble de la folie. Je puis même assurer qu’il m’est quelquefois arrivé d’entrevoir des fils imperceptibles avec lesquels la Providence fait agir les plus grands hommes comme des marionnettes, tandis qu’ils s’imaginent conduire le monde ; un petit mouvement d’orgueil qu’elle leur souffle dans le cœur suffit pour faire périr des armées entières, et pour retourner une nation sens dessus dessous. Quoi qu’il en soit, je croyais si fermement à la réalité de l’invitation que j’avais reçue de l’étoile polaire que mon parti fut pris à l’instant même d’aller vers le nord ; et quoique je n’eusse dans ces régions éloignées aucun point de préférence