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L’intervention armée des Autrichiens en Italie, il la qualifie de « grand bonheur », et la seule excuse qu’il trouve au soulèvement des Polonais, c’est qu’ils « se défendent bien. » Hommage involontaire de l’homme d’épée ! « Leur folie est embellie par le courage, mais elle n’en est que plus grande. Ils auront la triste consolation d’être écrasés honorablement. » Des griefs et des souffrances des peuples, des questions de race et de nationalité, il n’a nul souci parce qu’il ne voit là que des prétextes révolutionnaires.

À cet égard ses lettres à M. Huber-Saladin contiennent une profession de foi complète[1] ; il se montre bien le premier disciple de son frère en écrivant ces lignes :

« Ces grands mots d’émancipation de l’espèce humaine n’ont à mon avis aucun sens. Existe-t-il de nation plus émancipée que la française depuis plus de quarante ans ? Qu’a-t-elle gagné jusqu’ici ?… J’aime la liberté toute faite parce qu’elle vient de Dieu, et je déteste cordialement la liberté que les hommes veulent faire, parce qu’ils n’en ont ni le droit ni les moyens. »

Un peu plus loin, il complète sa pensée par cette tirade sur le dénouement de la farce constitutionnelle qu’on joue en France :

« Si l’on peut prévoir quelque chose en général, c’est qu’il ne peut résulter rien de bon de l’immoralité et de l’irréligion, c’est que le gouvernement représentatif est impossible sans la liberté de la presse, et qu’aucun gouvernement ne peut exister avec cette liberté dans une nation corrompue, enfin qu’une catastrophe sanglante est inévitable, à la suite de laquelle une main de fer, comme celle

  1. Rome, 5 décembre 1831 et 8 mars 1832.