parce que je suis naturellement jaloux, et ne veux pas me compromettre avec une foule de consolateurs, non plus qu’avec les personnes trop aisées à consoler.
Les beautés malheureuses ont particulièrement des droits sur mon cœur, et le tribut de sensibilité que je leur dois n’affaiblit point l’intérêt que je porte à celles qui sont heureuses. Cette disposition varie à l’infini mes plaisirs, et me permet de passer tout à tour de la mélancolie à la gaieté, et d’un repos sentimental à l’exaltation.
Souvent aussi je forme des intrigues amoureuses dans l’histoire ancienne, et j’efface des lignes entières dans les vieux registres du destin. Combien de fois n’ai-je pas arrêté la main parricide de Virginius et sauvé la vie à sa fille infortunée, victime à la fois de l’excès du crime et de celui de la vertu ! Cet événement me remplit de terreur lorsqu’il revient à ma pensée ; je ne m’étonne point s’il fut l’origine d’une révolution.
J’espère que les personnes raisonnables, ainsi les que âmes compatissantes, me sauront gré d’avoir arrangé cette affaire à l’amiable ; et tout homme qui connaît un peu le monde jugera comme moi que, si on avait laissé faire le décemvir, cet homme passionné n’aurait pas manqué de rendre justice à la vertu de Virginie : les parents s’en