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Chapitre XX

Un feu follet traversa le ciel en ce moment, et disparut presque aussitôt. Mes yeux, que la clarté du météore avait détournés un instant, se reportèrent sur le balcon, et n’y virent plus que la petite pantoufle. Ma voisine, dans sa retraite précipitée, avait oublié de la reprendre. Je contemplai longtemps ce joli moule d’un pied digne du ciseau de Praxitèle avec une émotion dont je n’oserais avouer toute la force ; mais, ce qui pourra paraître bien singulier, et ce dont je ne saurais me rendre raison à moi-même, c’est qu’un charme insurmontable m’empêchait d’en détourner mes regards, malgré tous les efforts que je faisais pour les porter sur d’autres objets.

On raconte que, lorsqu’un serpent regarde un rossignol, le malheureux oiseau, victime d’un charme irrésistible, est forcé de s’approcher du reptile vorace. Ses ailes rapides ne lui servent plus qu’à le conduire à sa perte, et chaque effort qu’il fait pour s’éloigner le rapproche de l’ennemi qui le poursuit de son regard inévitable.

Tel était sur moi l’effet de cette pantoufle, sans