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la dure nécessité de lui refuser quelque chose. Si j’insérais ces vers dans mon voyage, on ne manquerait pas de m’en croire l’auteur, ce qui m’attirerait, sur la nécessité des contusions, plus d’une mauvaise plaisanterie que je veux éviter. Je continuerai donc la relation de mon aventure avec mon aimable voisine, aventure dont la catastrophe inattendue, ainsi que la délicatesse avec laquelle je l’ai conduite, sont faites pour intéresser toutes les classes de lecteurs. Mais avant de savoir ce qu’elle me répondit, et comment fut reçu le compliment ingénieux que je lui avais adressé, je dois répondre d’avance à certaines personnes qui se croient plus éloquentes que moi, et qui me condamneront sans pitié pour avoir commencé la conversation d’une manière si triviale à leurs sens. Je leur prouverai que si j’avais fait de l’esprit dans cette occasion importante, j’aurais manqué ouvertement aux règles de la prudence et du bon goût. Tout homme qui entre en conversation avec une belle en disant un bon mot ou en faisant un compliment, quelque flatteur qu’il puisse être, laisse entrevoir des prétentions qui ne doivent paraître que lorsqu’elles commencent à être fondées. En outre, s’il fait de l’esprit, il est évident qu’il cherche à briller, et par conséquent qu’il pense moins à sa dame qu’à lui-même. Or, les dames veulent qu’on s’occupe