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parce que je travaille à mes Pâques ; je veux même ne plus en dire, c’est cependant bien dommage[1] ! »

Et, à quelques semaines de là, il retombe dans les habitudes du vieil homme à propos d’un logement :

« Si nous ne trouvons pas de gîte dans ce paradis terrestre, nous en sortirons comme Adam et Ève, en pleurant, mais avec des habits plus amples[2]. »

On s’explique cette pente naturelle de son esprit à s’abandonner aux jouissances de l’heure présente, en lisant cet aveu sincère :

« Toutes les fois qu’une pensée agréable, gaie et même un peu folle se présente, je lui ouvre à deux battants toutes les portes de mon imagination, et au lieu de qualifier cette faculté précieuse comme votre patronne, sainte Thérèse, qui l’appelait la folle de la maison, je me jette à corps perdu dans ses bras, et je m’en trouve bien. N’est-ce pas elle en effet, qui fait disparaître le temps et la distance, qui réalise le passé et l’avenir pour cacher le présent, ce présent qui nous obsède sans cesse comme un mauvais coucheur[3] ? »

Les années que Xavier passa en Italie sont parmi les plus sereines de sa vie, et sauf les continuels déplacements que lui imposait l’humeur changeante de sa femme[4], il s’y sentit heureux. À Rome et à Naples, le peintre trouva de nombreux sujets d’étude et de distraction : jamais ses pinceaux ne le tinrent plus affairé, et il ne se lassait pas de vouloir fixer sur la toile les paysages qui

  1. Rome, 25 mars 1831.
  2. Rome, 3 mai 1831.
  3. Saint-Pétersbourg, 25 décembre 1840.
  4. « Je voudrais cesser cette vie ambulante qui me devient tous les jours plus à charge, mais ces désirs de repos, de jouissances paisibles sont de véritables chimères. » Rome, 6 avril 1830.