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Nous fîmes quelques arrangements ; je lui dis tristement adieu ; il sortit.

Cet homme me servait depuis quinze ans. Un instant nous a séparés. Je ne l’ai plus revu.

Je réfléchissais, en me promenant dans ma chambre, à cette brusque séparation. Rosine avait suivi Joannetti sans qu’il s’en aperçut. Un quart d’heure après, la porte s’ouvrit : Rosine entra. Je vis la main de Joannetti qui la poussa dans la chambre ; la porte se referma, et je sentis mon cœur se serrer… Il n’entre déjà plus chez moi ! – Quelques minutes ont suffi pour rendre étrangers l’un à l’autre deux vieux compagnons de quinze ans. Ô triste triste condition de l’humanité, de ne pouvoir jamais trouver un seul objet stable sur lequel placer la moindre de ses affections !

Chapitre IV

Rosine aussi vivait alors loin de moi. Vous apprendrez sans doute avec quelque intérêt, ma chère Marie, qu’à l’âge de quinze ans elle était encore le plus aimable des animaux, et que la