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« Que voulez-vous, monsieur ! me dit-il d’une voix altérée, j’avais donné ma parole.

– Eh ! morbleu ! tu as bien fait, mon ami ; puisses-tu être content de ta femme, et surtout de toi-même ! puisses-tu avoir des enfants qui te ressemblent ! Il faudra donc nous séparer !

– Oui, monsieur : nous comptons aller nous établir à Asti.

– Et quand veux-tu me quitter ? »

Ici Joannetti baissa les yeux d’un air embarrassé, et répondit de deux tons plus bas :

« Ma femme a trouvé un voiturier de son pays qui retourne avec sa voiture vide, et qui part aujourd’hui. Ce serait une belle occasion ; mais… cependant… ce sera quand il plaira à Monsieur… quoiqu’une semblable occasion se retrouverait difficilement.

– Eh quoi ! si tôt ? » lui dis-je.

Un sentiment de regret et d’affection, mêlé d’une forte dose de dépit, me fit garder un instant le silence.

« Non, certainement, lui répondis-je assez durement, je ne vous retiendrai point : partez à l’heure même, si cela vous arrange. »

Joannetti pâlit.

« Oui, pars, mon ami, va trouver ta femme ; sois toujours aussi bon, aussi honnête que tu l’as été avec moi. »