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n’aimais guère, et à désirer des choses et dès hommes que je ne voyais plus, je revins à Turin. Il fallait prendre un parti. Je sortis de l’auberge de la Bonne Femme, où j’étais débarqué, dans l’intention de rendre la petite chambre au propriétaire et de me défaire de mes meubles.

En rentrant dans mon ermitage, j’éprouvai des sensations difficiles à décrire : tout y avait conservé l’ordre ; c’est-à-dire le désordre dans lequel je l’avais laissé : les meubles entassés contre les murs avaient été mis à l’abri de la poussière par la hauteur du gîte ; mes plumes étaient encore dans l’encrier desséché, et je trouvai sur la table une lettre commencée.

Je suis encore chez moi, me dis-je avec une véritable satisfaction. Chaque objet me rappelait quelque événement de ma vie, et ma chambre était tapissée de souvenirs. Au lieu de retourner à l’auberge, je pris la résolution de passer la nuit au milieu de mes propriétés. J’envoyai prendre ma valise, et je fis en même temps le projet de partir le lendemain, sans prendre congé ni conseil de personne, m’abandonnant sans réserve à la Providence.