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le quitter sans reproche, il le fit, encore plein de force et de jours, car ce qu’il parut rechercher, après la paix de l’existence, ce fut l’unité, et l’on peut dire qu’il l’eut dans la sienne. La publication récente de sa correspondance en est une preuve surabondante.

II.

S’il est un écrivain qui semblait devoir échapper à cette curiosité rétrospective, c’est assurément Xavier de Maistre. Et pourtant telle est l’ingénuité de l’homme que la lecture d’une longue série de lettres[1], intimes la plupart, est toujours attachante, non sans exciter parfois le sourire au passage d’une anecdote un peu légère, ou d’une boutade naïve, ou bien d’une opinion marquée au coin de l’ancien régime. Mais, comme dans ses œuvres, la larme y est voisine du sourire, et à des confidences familières se mêle souvent un sérieux attendri.

Empruntons-lui, pour commencer, quelques citations dans la note gaie.

« Nous avons revu avec plaisir la délicieuse Pauline. Sa joue veloutée a touché les rides de la mienne, et l’effet que cela a produit sur moi a été tel que je me suis cru jeune jusqu’au lendemain, où la nécessité de me faire la barbe m’a fait regarder dans un miroir[2]. »

« Je ne vous écris point de coq à l’âne aujourd’hui,

  1. Il y en a cent quinze, adressées presque toutes à M. et à Mme de Marcellus et au général Oudinot ; elles vont de 1828 à 1852. (Œuvres inédites de Xavier de Maistre. Fragments et Correspondance, avec une étude et des notes de M. Eugène Réaume ; Paris, 1877, 2 vol. in-16.)
  2. Rome, 6 mai 1829.