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et si elles avaient été aussi utiles à la médecine que vous le prétendez, j’aurais vu diminuer le nombre des hommes qui descendent chaque jour dans le royaume sombre, et dont la liste commune, d’après les registres de Minos, que j’ai vérifiés moi-même, est constamment la même qu’autrefois.  »

Le docteur Cigna se tourna vers moi : «  Vous avez sans doute ouï parler de ces découvertes ? me dit-il ; vous connaissez celle d’Harvey sur la circulation du sang ; celle de l’immortel Spallanzani sur la digestion, dont nous connaissons maintenant tout le mécanisme ? » — Et il fit un long détail de toutes les découvertes qui ont trait à la médecine, et de la foule de remèdes qu’on doit à la chimie ; il fit enfin un discours académique en faveur de la médecine moderne.

« Croirai-je, lui répondis-je alors, que ces grands hommes ignorent tout ce que vous venez de leur dire, et que leur âme, dégagée des entraves de la matière, trouve quelque chose d’obscur dans toute la nature ?

« — Ah ! quelle est votre erreur ! s’écria le proto-médecin[1] du Péloponèse ; les mystères de

  1. Titre fort connu dans la législation du roi de Sardaigne, ce qui forme ici une plaisanterie purement locale. (Note de l’Auteur.)