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et ce fut alors que je résolus de faire un chapitre ad hoc, pour le faire connaître au lecteur. La forme et l’utilité de ces habits étant assez généralement connues, je traiterai plus particulièrement de leur influence sur l’esprit des voyageurs. — Mon habit de voyage pour l’hiver est fait de l’étoffe la plus chaude et la plus moelleuse qu’il m’ait été possible de trouver ; il m’enveloppe entièrement de la tête aux pieds ; et lorsque je suis dans mon fauteuil, les mains dans mes poches et ma tête enfoncée dans le collet de l’habit, je ressemble à la statue de Visnou sans pieds et sans mains, qu’on voit dans les pagodes des Indes.

On taxera, si l’on veut, de préjugé l’influence que j’attribue aux habits de voyage sur les voyageurs ; ce que je puis dire de certain à cet égard, c’est qu’il me paraîtrait aussi ridicule d’avancer d’un seul pas mon voyage autour de ma chambre, revêtu de mon uniforme et l’épée au côté, que de sortir et d’aller dans le monde en robe de chambre. — Lorsque je me vois ainsi habillé suivant toutes les rigueurs de la pragmatique, non-seulement je ne serais pas à même de continuer mon voyage, mais je crois que je ne serais pas même en état de lire ce que j’en ai écrit jusqu’à présent, et moins encore de le comprendre.