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compter leurs nuances innombrables dans les divers individus et dans les différents âges de la vie ? Le souvenir confus de celles de mon enfance me fait encore tressaillir. Essayerai-je de peindre celles qu’éprouve le jeune homme dont le cœur commence à brûler de tous les feux du sentiment ? Dans cet âge heureux où l’on ignore encore jusqu’au nom de l’intérêt, de l’ambition, de la haine et de toutes les passions honteuses qui dégradent et tourmentent l’humanité ; durant cet âge, hélas ! trop court, le soleil brille d’un éclat qu’on ne lui retrouve plus dans le reste de la vie. L’air est plus pur ; — les fontaines sont plus limpides et plus fraîches ; la nature a des aspects, les bocages ont des sentiers qu’on ne retrouve plus dans l’âge mûr. Dieu ! quels parfums envoient ces fleurs ! que ces fruits sont délicieux ! de quelles couleurs se pare l’aurore ! — Toutes les femmes sont aimables et fidèles ; tous les hommes sont bons, généreux et sensibles : partout on rencontre la cordialité, la franchise et le désintéressement ; il n’existe dans la nature que des fleurs, des vertus et des plaisirs.

Le trouble de l’amour, l’espoir du bonheur n’inondent-ils pas notre cœur de sensations aussi vives que variées ?

Le spectacle de la nature et sa contemplation