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placé sa naissance en 1763. Il entra assez tard au service puisqu’en 1784 il n’était attaché au régiment de la Marine qu’en qualité de volontaire. Sa jeunesse s’écoula dans les différentes garnisons du Piémont, et après l’occupation de ce pays par les Français, il s’engagea dans l’armée russe qui venait d’entrer en Italie sous les ordres de Souvorof. Il prit part à la campagne de 1799, la première qu’il eût encore faite, campagne qui débuta par une suite de triomphes et qui s’acheva dans les désastres. Frappé d’une disgrâce imméritée, Souvorof fut rappelé en Russie ; Xavier l’y suivit, plus soucieux de l’attachement qu’il avait voué à son général que du soin de sa propre fortune, et ne le quitta qu’après lui avoir fermé les yeux. Quelques mois auparavant, il avait obtenu la faveur d’être inscrit sur les cadres de l’armée russe avec le grade de capitaine (5 janvier 1800). Faveur illusoire qui ne lui octroyait que les droits d’un officier à la suite !

De Moscou Xavier vint alors s’établir à Saint-Pétersbourg. Il touchait à la quarantaine, et bien qu’il fût l’auteur applaudi du Voyage autour de ma chambre, il songea plutôt à vivre de ses pinceaux que de sa plume. Il ouvrit un atelier de peinture ; les maigres profits qu’il en retira lui arrachèrent plus tard ce cri mélancolique : « Heureux qui n’est pas obligé de faire des tableaux pour vivre ! » Si les relations qu’il avait formées dans la haute société ne l’aidèrent point à sortir des embarras d’argent, elles lui servirent du moins à le faire monter en titre et en grade : ainsi il fut nommé en 1802 major d’infanterie (hors cadre), et en 1805 membre honoraire de l’amirauté, puis directeur du musée de ce département. Il dut ce dernier poste,