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l’histoire tragique de la famille des Atrées, persécutée par le ciel, m’inspirent une terreur que les événements modernes ne sauraient faire naître en moi.

Voilà l’urne fatale qui contient les cendres d’Oreste. Qui ne frémirait à cet aspect ? Électre, malheureuse sœur ! apaise-toi : c’est Oreste lui-même qui apporte l’urne, et ces cendres sont celles de ses ennemis.

On ne retrouve plus maintenant de rivages semblables à ceux du Xanthe ou du Scamandre ; — on ne voit plus de plaines comme celles de l’Hespérie ou de l’Arcadie. Où sont aujourd’hui les îles de Lemnos ou de Crète ? Où est le fameux labyrinthe ? Où est le rocher qu’Ariane délaissée arrosait de ses larmes ? — On ne voit plus de Thésées, encore moins d’Hercules ; les hommes et même les héros d’aujourd’hui sont des pygmées.

Lorsque je veux me donner ensuite une scène d’enthousiasme, et jouir de toutes les forces de mon imagination, je m’attache hardiment aux plis de la robe flottante du sublime aveugle d’Albion[1], au moment où il s’élance dans le ciel, et qu’il ose approcher du trône de l’Éternel. —

  1. Milton, auteur du Paradis perdu.