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CHAPITRE XXXVII.

Depuis l’expédition des Argonautes jusqu’à l’assemblée des Notables, depuis le fin fond des enfers jusqu’à la dernière étoile fixe au delà de la voie lactée, jusqu’aux confins de l’univers, jusqu’aux portes du chaos, voilà le vaste champ où je me promène en long et en large, et tout à loisir ; car le temps ne me manque pas plus que l’espace. C’est là que je transporte mon existence, à la suite d’Homère, de Milton, de Virgile, d’Ossian, etc.

Tous les événements qui ont lieu entre ces deux époques, tous les pays, tous les mondes et tous les êtres qui ont existé entre ces deux termes, tout cela est à moi, tout cela m’appartient aussi bien, aussi légitimement que les vaisseaux qui entraient dans le Pirée appartenaient à un certain Athénien[1].

J’aime surtout les poëtes qui me transportent dans la plus haute antiquité : la mort de l’ambitieux Agamemnon, les fureurs d’Oreste et toute

  1. Il se nommait Thrasylle, et, guéri plus tard de sa folie, il regretta, dit-on, les douces émotions qu’elle lui avait procurées. (Voy. Élien, Hist., liv. IV, § 25.)