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droit terrible : toutes ces questions sont étrangères à celle que j’examine. Pour que l’Inquisition soit irréprochable, il suffit qu’elle juge comme les autres tribunaux, qu’elle n’envoie à la mort que les grands coupables, et ne soit jamais que l’instrument de la volonté législatrice et écrite du souverain.

Je crois cependant devoir ajouter que l’hérésiarque, l’hérétique obstiné et le propagateur de l’hérésie, doivent être rangés incontestablement au rang des plus grands criminels. Ce qui nous trompe sur ce point, c’est que nous ne pouvons nous empêcher de juger d’après l’indifférence de notre siècle en matière de religion, tandis que nous devrions prendre pour mesure le zèle antique, qu’on est bien le maître d’appeler fanatisme, le mot ne faisant rien du tout à la chose. Le sophiste moderne, qui disserte à l’aise dans son cabinet, ne s’embarrasse guère que les arguments de Luther aient produit la guerre de trente ans ; mais les anciens législateurs,